Il naquit une fois au centre de la Chine une vachette. Elle aima sa maman, et sa maman l’aima. Elle passa son enfance en jouant avec ses amis, en vadrouillant dans la pâture, en découvrant le goût, si doux, du mélilot. Ce fut bon, le goût du mélilot.
Un jour elle eut mal aux mamelles. Le fermier constata ça. Il fut bienveillant, le fermier. Mal aux mamelles : non plus. Ce fut bon, être traite.
Un jour d’automne elle eut un genre de faim. Pour quoi, elle ne sut pas. Le fermier constata ça. Il fut bienveillant, le fermier. Le fermier la mena à la pâture. Il y eut l’odeur de pommes mûres dans l’air. Il y eut un taureau. Ce fut bon, être dans la pâture, un jour d’automne, l’odeur de pommes mûres dans l’air, avec un taureau.
Au fil des mois elle accoucha une vachette. Elle aima sa vachette. La vachette l’aima, sa maman. Ce fut bon, l’amour.
Un jour elle eut du mal à se mettre debout. Le fermier le constata. Il fut bienveillant, le fermier. Il lui apporta du mélilot. Elle mourut sans peur, sans peine, sans douleur. Ce fut bon, le goût du mélilot.
Une jeune fille à Shanghai qui était timide mangea sa langue, et le jour d’après elle parla. Un gars à Pékin, anémie, mangea son foie, et le prochain jour il courut avec ses amis. Moi, à Wuhan je mangeai son coeur sur un lit de nouilles frites, et je sentis à l’aise dans un pays où je ne pouvais ni parler, ni lire, ni courir. (Question de vieillesse, pas d’anémie.) Ce fut bon, être à l’aise dans un pays où je ne pouvais ni parler, ni lire, ni courir. Il y eut un léger goût du mélilot.
French notes
The verb traire, to milk, doesn’t have a passé simple. Hence my resort to Mal aux mamelles : non plus. Here’s a discussion of the phenomenon that I found at http://monsu.desiderio.free.fr/curiosites/traire.html:
Le parfait latin était traxi, traxis, traxit… Le passé simple en ancien français alterne formes faibles et fortes, les formes faibles sont accentuées sur la désinence.
On voit l’inconvénient en comparant au présent de l’indicatif : trai, trais, trait, traions, traiez, traient. Les formes de presque toutes ces personnes sont des réfections analogiques sur les 2e et 3e personnes, ainsi que sur le radical de l’infinitif. Il y eut ensuite une homonymie surtout pour les personnes 1 et 3 des deux temps, après l’amuissement des finales. Une réfection aurait été possible à partir de la 2e personne sur le modèle sigmatique de cousis, mais la plupart des passés sigmatiques d’ancien français ont été refaits (ceinsis, joinsis, masis de mettre, morsis, plainsis, escressis, solsis de soudre) ou leurs verbes sont morts (arsis de ardre, escosis de escoudre « secouer », semonsis de semondre). Le passé simple aurait eu alors un radical irrégulier et rare.
Voici quelques exemples médiévaux tirés de Littré, les phrases sont toutes au passé :
Lors s’armerent tuit par l’ost [tous dans l’armée] chevalier et serjant, et trait chascuns à sa bataille, Villehardouin.
Cil Alexis print l’empereour son frere ; si lui traist les iex [yeux] de la teste, idem.
Lors [je] trais une aiguille d’argent D’un aguiller mignot et gent, Si pris l’aguille à enfiler, Roman de la rose.
Le clerc tendi s’arbalestre, et trait, et en feri [frappe ] l’un parmi le cuer, Joinville.
It’s a lovely story …. it would go down well in Cantal! The diagnosis of the French is interesting.
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I got about 75% of that, without getting the dictionary out. I know, pathetic
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We can understand everything but I guess you know there are quite some non French formulations, clumsinesses or mistakes here and there . The passés simples are allright though .
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I did not know–well, I assumed, but I don’t know what they are! I would love to have them pointed out.
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You know, there really are a lot, I don’t know it would need a very long comment . But let’s take a fundamental mistake in the beginning, the use of the imparfait . You must say ” Elle aimait sa maman, et sa maman l’aimait”, and also “C’était bon, le goût du mélilot”.
Then a gross clumsiness “Le fermier constata ça” . Nobody can write this, instead “le fermier le constata”, and in this case “le fermier s’en rendit compte” would rather come naturally .
Just after comes the only ununderstandable sentence :”Mal aux mamelles : non plus. ” I’m not sure of what you mean by that but for sure it’s not right .
Just after “Ce fut bon, être traite.”can’t come from a French mouth . At least a French would say “Ce fut bon d’être traite” but would rather say “être traite la soulagea”, or “cela lui fit du bien d’être traite”, etc.
So you see a full answer would be long but if you really want it we maybe could do it through emails or another system . I helped an Indian learning at the Alliance Française” in Mumbay like this during a year .
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Thank you so much! I just posted a scan of my French tutor’s corrections. 🙂
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Yes I saw it . It is not complete, too much probably . For instance when you write “le prochain jour” we understand but we never say that in such cases . Either “le jour suivant” or “le lendemain” . “Le prochain jour” exists but not in this case .
Another one ” “c’était bon l’odeur de pommes mûres DANS l’air”, not en l’air . Again, “en l’air” exists but not in this case . A last one, the last sentence : you must say “Il y avait un léger goût DE mélilot” . Previously you rightly wrote “du mélilot” but the last sentence requires “de mélilot” .
You see the work I did with pleasure with the Indian guy was mainly trying to make him understand what I call “the abstract lines”, the intellectual matrix that triggers this rather than that, as well as lots of syntax or grammar rules that can seem fanciful for those who don’t know . Once you understand this level you don’t need to learn many cases because you know by advance .
But well I understand it must be a disrupting mourning day for you . For every provisionally living human being too . If you need to get political asylum in a still more or less civilized country just tell .
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